Le 12 octobre 2023, lors de la première journée du rebond entrepreneurial, les entrepreneurs ont échangé avec Sonia Boussaguet, enseignant chercheur à Neoma BS et autrice du livre «J’entreprends sans m’épuiser. Réussir en préservant son bien-être et sa santé », et Mounir Benchanaa, directeur régional Ile-de-France d’Harmonie Mutuelle. La question posée était : comment se préserver sans rien lâcher quand on est en rebond ?
Après un rapide sondage à main levée auprès des entrepreneurs présents, force est de constaté que l’idéologie du leadership met toujours de côté le sujet de la santé du chef d’entreprise au travail. Il garde cette posture de super héros.
Or les chefs d’entreprise, artisans et commerçants ne sont pas invincibles. Être invincible est une fumisterie. La vulnérabilité peut même se révéler être un atout !
Premier point à ne jamais oublier : pour que l’entreprise soit en bonne santé, il faut que son dirigeant le soit. Année après année, les données de l’Observatoire AMAROK le montre. Le chef d’entreprise doit donc reste à l’écoute et ne pas masquer les difficultés. Si un salarié peut arriver à prendre les devants et se résoudre à « faire une pause », rares sont les chefs d’entreprise qui se l’accordent – avec à la clé le danger de l’épuisement, avec souvent des issues dramatiques.
Il faut donc réinvestir la santé dans et pour l’entreprise, la considérer comme un actif immatériel. La spirale des 4 D (dépôt de bilan, divorce, dépression, décès) est connue des dirigeants mais peu estiment « que ça leur arrivera un jour »…
Pour s’en prémunir, plusieurs pistes ont été évoquées :
- Les applications mobiles « stressomètre » type Step, ou de méditation
- Les diagnostics proposés par les complémentaires santé – chez Harmonie Mutuelle, les conseillers entreprise ont été formés à la prévention et à la détection de signaux d’alerte
- La fixation d’objectifs en fonction de ses propres capacités, en appliquant 2 principes de management : prioriser + déléguer (faire confiance) et en s’appuyant sur des outils comme la matrice d’Eisenhower.
- L’intégration de réseaux d’entrepreneurs pour ne pas rester seul. Le constat au bout de 5 à 6 ans est que soit le chef d’entreprise est très intégré dans les réseaux et association, soit il est de plus en plus isolé.
- L’aide sollicité auprès d’une personne qu’on aura préalablement choisie
Et quand le seuil limite a été dépassé ? Il est possible de se tourner vers le dispositif APESA. Créé il y a 10 ans, APESA travaille avec 95 tribunaux de commerce et a formé 6000 acteurs économiques « sentinelles » à identifier la souffrance des chefs d’entreprise. Pour les dirigeants identifiés, il propose 3 à 5 consultations gratuites avec des psychologues libéraux géographiquement proches. Les rencontres sont confidentielles et ont lieu dans un espace tiers. L’enjeu est de réactiver les mécanismes de pensée pour rendre le rebond possible, en rappelant la légitimité des moments difficiles vécus, et en les présentant comme une transition vers autre chose.
APESA a réalisé 10700 prises en charge en 10 ans avec une accélération depuis la crise Covid.
Les intervenants ont conclu que pour protéger leur bébé (i.e. leur entreprise), les entrepreneurs doivent apprendre à se protéger eux-mêmes !