Interview par Quentin Périnel parue sur Lefigaro.fr le 8 septembre 2017
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Que dire sur la place de l’échec dans notre société?
Il a existé une époque pas si lointaine où l’on assumait ses échecs. Aujourd’hui, ils sont systématiquement niés. Depuis 30 ans, il n’y a plus d’échecs. Des hommes comme Winston Churchill, justement, ou Charles de Gaulle assumaient leurs erreurs, en reconnaissaient au moins certaines. Même lorsque François Mitterrand dit en 1993 que «dans la lutte contre le chômage, on a tout essayé», c’est un aveu d’échec qu’il serait plus difficile de prononcer aujourd’hui. Assumer ses échecs est devenu un luxe que l’on ne peut pas se permettre.
Pourquoi?
Parce que, dans notre société, la communication a pris trop d’importance… La «petite phrase» est reine… Les échos numériques sont devenus fracassants: on sort sans cesse les choses de leur contexte, on ne retient que quatre mots avec la seule volonté de faire du bruit… Et ce bruit peut détruire une carrière en quelques secondes. C’est donc tout naturellement que les responsables, dans tous les domaines, ont peur! C’est ce qui arrive à la société américaine depuis 50 ans, et la nôtre est en train de subir le même sort. Il devient de plus en plus difficile de trouver une parole publique libre et libérée. Dans le pays de Voltaire, c’est terrible. Aujourd’hui, c’est comme si l’on avait bâillonné l’auteur de Candide…
A retrouver en intégralité sur http://premium.lefigaro.fr/entrepreneur/2017/09/08/09007-20170908ARTFIG00008-franck-ferrand-notre-epoque-assume-moins-ses-echecs.php