Article de Géraldine Dauvergne paru sur LesEchos.fr le 21/08/2017
Parce qu’elle s’était posé les bonnes questions avant même d’avoir déposé les statuts, Isabelle Saladin a pu surmonter l’épreuve de la liquidation de sa première entreprise, Art-Dv. Témoignage.
Serial entrepreneur, Isabelle Saladin connaît bien les difficultés rencontrées par de nombreux chefs d’entreprise, y compris l’épreuve de la mise en liquidation. En 2008, elle lance Art-Dv, une plateforme de mise en relation entre créateurs désireux d’arrondir leurs fins de mois et amateurs de décoration souhaitant personnaliser et décorer leur intérieur de manière originale. « C’était l’une des premières marketplace en France », se remémore-t-elle.
En 2011, une levée de fonds s’impose.(…)
Un traumatisme personnel, sociétal et financier
Traverser une période d’échec entrepreneurial, cela revient à subir trois traumatismes, raconte Isabelle Saladin : personnel, sociétal et financier. « J’ai eu la chance d’avoir toujours été entourée d’entrepreneurs », raconte-t-elle. « Ils m’avaient mise en garde dès le début : de toute façon, j’allais échouer ! Si j’arrivais à me le dire sans trembler, j’étais prête. Sinon, il valait mieux ne pas me lancer. Si bien que, grâce à eux, j’ai très peu subi le traumatisme personnel. »
En revanche, le regard de la société française est éprouvant. « Je savais, pour y avoir vécu et étudié, qu’aux Etats-Unis une telle expérience valait mieux que tous les CV, alors qu’en France elle est vue comme un échec et donne une image très négative de la personne. » Le traumatisme financier, enfin, est de loin « le plus réel ». « Un entrepreneur qui s’est porté caution personnelle auprès des banques pour sa société, doit rembourser les emprunts et les garanties d’emprunts sur ses biens personnels. » De quoi couper les ailes des plus endurcis.
Isabelle Saladin aime comparer l’entrepreneur et le sportif : tous deux doivent savoir s’entourer et ne pas craindre de revenir sur leurs erreurs pour les analyser et mieux repartir. « J’ai compris que ma principale erreur, à l’époque, venait de ma méconnaissance des codes et du langage des fonds d’investissement. » Si elle devait ne donner qu’un conseil aux futurs entrepreneurs, ce serait de se poser les bonnes questions, avant même de se lancer : jusqu’où suis-je prêt(e) à aller ? Sacrifier ma vie de famille ? Mettre de l’argent sur la table ? « Entrepreneur, c’est un métier, conclut Isabelle Saladin. Et tout le monde n’est pas fait pour ce métier. »
A retrouver en intégralité sur https://business.lesechos.fr/entrepreneurs/efficacite-personnelle/j-ai-rebondi-apres-un-echec-entrepreneurial-312269.php