Par Isabelle Saladin, Présidente des Rebondisseurs Français
Les entrepreneurs sont audacieux, ambitieux, dynamiques, volontaires… mais ce qui les distingue avant tout, c’est leur capacité de résilience qui les fait assumer les risques et ne pas avoir peur d’échouer. Mettre en avant systématiquement des histoires avec des hauts et des bas à la Une des grands rendez-vous de l’entrepreneuriat est indispensable pour changer les mentalités.
L’entrepreneuriat est tendance en 2018, nul doute là-dessus. La loi Pacte arrive. Les salons pour entrepreneurs se succèdent, avec leurs lots de conférences et ateliers pratiques pour réussir son projet. La dynamique collective est lancée et c’est formidable.
Toutefois, cette année encore, sur scène, peu de témoignages sur des plantages d’entreprise et les rebonds qui sont suivi ces plantages. Certes, les entrepreneurs et futurs entrepreneurs viennent chercher des recettes et bonnes pratiques pour réussir, ainsi que des clés de lecture de ce en quoi consiste la création d’entreprise. Mais il est important aussi de rappeler qu’entreprendre signifie prendre des risques et les assumer. Tout en faisant en sorte que cette notion de risque n’effraie pas et ne conduise pas à l’abandon d’un projet.
La résilience, l’autre ressort de l’entrepreneur
Un seul remède : montrer que, même si on traverse des difficultés (qui ne réduit pas à « devoir mettre la clé sous la porte »), ce n’est pas grave et qu’il y a toujours des moyens de relever la tête et de repartir. Plus que jamais, pour entretenir l’élan entrepreneurial actuel, il faut dédramatiser l’échec et développer la résilience.
Pour cela, rien n’est plus efficace et porteur que de raconter les histoires de ces entrepreneurs qui ont géré des phases délicates. Echec du projet d’entreprise ou seulement d’une stratégie marketing inadaptée, d’une levée de fonds inaboutie, d’une ouverture internationale mal gérée, d’un casting RH raté, d’un lancement produit foireux, etc. peu importe. Ce qui compte, c’est que toutes ces histoires montrent que, si le risque d’échouer est présent, il ne signifie pas la fin, ni de l’entreprise ni de l’entrepreneur.
Partager ces expériences, c’est donner de l’espoir
Entreprendre est une aventure au long court, qui donne vie à une vision, un projet, qui va comporter des hauts mais aussi potentiellement des bas. Et il faut aider les entrepreneurs à anticiper ces périodes de creux, car même les plus préparés du monde ne pourront pas forcément les éviter.
La communauté entrepreneuriale a déjà vu naître des initiatives comme celles des associations regroupées sous le Portail du Rebond dont l’action est essentielle. La prochaine étape est de porter la voix des entrepreneurs qui ont rebondi dans les rendez-vous majeurs, de fédérer autour de leurs témoignages pour demain ne plus craindre l’échec. Car partager ces expériences, c’est donner de l’espoir à d’autres entrepreneurs, c’est convaincre qu’il faut regarder devant soi et pas derrière soi.
La clé pour transformer l’échec en pivot : l’humanité de l’entrepreneur !
Il n’y a pas d’incantation façon méthode Coué dans tout cela : la force des témoignages, c’est avant tout de montrer que, dans tous ces parcours, il y a aussi une dimension profondément humaine et personnelle qui fait que chaque entrepreneur avance à son rythme, avec ses ressources et avec ce qu’il est. Leur point commun est cet autre regard qu’ils portent sur l’échec et sur la façon dont ils le vivent pour le transformer en pivot et point de départ vers une autre étape.
Alors ? Qui sera le premier à systématiquement prévoir parmi ses keynotes des témoins sur l’échec et le rebond ?
