Rémi Raher, conférencier, auteur, et l’un des cofondateurs des ReStart Awards, a publié le 4 décembre dans Forbes un point de vue sur l’échec et le rebond. A retrouver ici : https://www.forbes.fr/entrepreneurs/echouer-vite-et-echouer-mieux-une-cle-pour-entreprendre-et-reussir/
Extraits :
(…) Et si l’entrepreneur a le vent en poupe, c’est parce qu’il incarne quelque part un héros des temps modernes, désireux de porter une idée en prenant le risque de sortir d’un cadre bien balisé. Or la route vers l’inconnu fait peur ; on risque de tomber, on risque de se perdre… et on risque d’échouer.
Ah, la peur de l’échec ! Depuis l’école, on nous enseigne que se tromper, c’est échouer. En France, on n’apprend pas en se risquant à essayer, on apprend en relisant ses cahiers. Sinon, c’est la honte devant toute la classe, la mauvaise note assurée et les réprimandes parentales en rentrant à la maison.
Dès lors, on retient la leçon : surtout, ne prendre aucun risque.Car un parcours scolaire comme une carrière exemplaire ne peut supporter ni pause ni accident de parcours. On gommera même une année de chômage dans son CV en inventant un projet humanitaire ou un tour du monde, ça fait tout de même plus sérieux que de dire qu’on a été licencié et que notre génie n’a pas été reconnu immédiatement chez un autre employeur.
Une drôle de culture quand on sait que la recherche scientifique de haut niveau est basée sur un principe simple : l’expérience. On essaye pour voir si ça marche ou si ça ne marche pas, puis on avise en fonction du résultat.
D’ailleurs, on trouve aussi cette méthode chez les enfants, par exemple un nourrisson qui apprend à marcher ou à parler. Il essaye, il se trompe, on l’aide à mieux faire, il essaye de nouveau et finalement il réussit. Mais pourquoi ce qui est si mignon chez un bébé deviendrait si horrible dès l’école maternelle ? Dans d’autres cultures, on encourage les enfants à s’exprimer et à prendre des risques, non pas en portant l’échec comme une ambition, mais bien comme un moyen d’apprendre plus rapidement.
Les exemples sont nombreux : les entreprises qui réussissent n’ont pas peur d’essayer, quitte à se tromper pour corriger le tir. Le but n’est évidemment pas de se tromper pour se tromper mais de faire des tests sans craindre qu’ils échouent, afin d’améliorer son produit ou son service dans un processus itératif.
D’ailleurs, un article paru dans la Harvard Business Review en avril 2011 classe les échecs dans trois catégories distinctes :
- Les « good failures » ou « bons échecs », c’est-à-dire les échecs probables et attendus en raison d’un essai sur une idée nouvelle ou un processus nouveau ; ils permettent à l’entreprise de progresser en étant une source d’enseignements pour le patron et les salariés (par exemple, l’essai d’un nouveau packaging pour une opération promotionnelle).
- Les « bad failures » ou « mauvais échecs », c’est-à-dire les erreurs de jugement ou d’appréciation qui se reproduisent car on n’en tire aucune conséquence, ce qui dégrade la qualité du produit ou du service au fur et à mesure (par exemple, ne pas tenir compte des retours des clients lors des enquêtes de satisfaction).
- Les « unavoidable failures » ou « échecs inévitables », c’est-à-dire les échecs définitifs qui conduisent à la faillite d’une entreprise et dont il sera difficile de se remettre (par exemple… non, on ne veut être désagréable avec personne !).
Dans la vie des entreprises qui réussissent, il y a souvent plusieurs bons échecs, qui permettent d’améliorer la qualité de l’offre initiale au fil du temps, et parfois quelques mauvais échecs, dont il faut se relever avant de prendre le mur. Quant aux échecs inévitables, ils résident souvent dans l’idée de départ, dans la mise en œuvre initiale ou dans le refus de s’adapter…Mais vous aurez compris une chose : se planter n’est pas mortel et ça peut même être bénéfique !